À peu près autant que toi. Mais tu as toi-même fixé le ton de la discussion. Forcément, tu commences par insulter Sarkeesian, alors qu'au vu de mon message, il était clair que je l'apprécie. Puis, tu commences avec tes propos méprisants sur le féminisme. Etc. Bref! Ne te prends pas pour le roi de la diplomatie et de la modestie, je te prie.Waweed a écrit :Par contre, est-ce que dans ton esprit, on a le droit de ne pas penser pareil que toi sans être con ou à côté de la plaque ? Est-ce qu'on a juste le droit de pas être d'accord sans avoir l'impression d'être du mauvais côté de la barrière ?
EDIT
Bon, je vais pas répondre à tout, mais tout de même rajouter quelques mots. Je vais éviter de te balancer des insultes et des jugements sur ta personne, au contraire de ce que tu fais. (Si tu crois que cela te rajoute de la crédibilité ou que cela contribue à faire passer ce que tu dis, tu te trompes.)
Et alors? Ce n'est pas son propos. Elle n'est pas en train de dire que tel auteur est sexiste (quoi qu'elle a peut-être pu le dire sur un ou deux cas). Les pensées sexistes existent même chez les personnes non-sexistes et même chez les féministes, parce qu'on vit dans un environnement social qui nous met au contact de ce genre d'idées. Mais elles existent tout de même, et par conséquent des personnes non-sexistes ou même des oeuvres non-sexistes peuvent résulter sur un phénomène plus vaste qui lui est sexiste (éventuellement en se combinant aussi avec des personnes et des oeuvres sexistes). Cela s'appelle l'émergence.Waweed a écrit :Deuxièmement, le jeu vidéo AAA dont elle parle impliquent, ne serait-ce que dans le processus créatif des centaines de personnes avec des dizaines de managers et plusieurs directeurs créatifs. Un jeu vidéo à gros budget n'est jamais la vision d'un créateur.
Chouette! Elle le dit elle-même tout ça. Mais elle ajoute que malgré cette réalité, les jeux sont pourtant majoritairement toujours conçus pour viser le public "mâle blanc hétéro". Et on voit beaucoup de gens continuer de le justifier ainsi, y compris des professionnels, en disant que c'est le public majoritaire et que c'est donc normal que cela soit eux qu'ils visent. Et il y a une raison pour laquelle, les concepteurs de jeu vidéo découvrent soudainement ce genre de vérité.Waweed a écrit :Pour finir, c'est un média bien plus mainstream que la musique classique, le Jazz ou les séries télé à public ciblé comme Grey's Anatomy ou Jessica Jones. On parle d'un média qui touche - aujourd'hui - des centaines de millions de personnes aux caractéristiques toutes différentes. Dépeindre par exemple le portrait du joueur classique, le fameux joueur blanc mâle et hétérosexuel est une hérésie totale et une facilité qui frôle la malhonnêteté intellectuelle. Pourtant, quand on est un peu familier avec le discours, on le ressent bien dans ta démonstration que c'est ce fameux mâle blanc hétérosexuel que tu penses en majorité sur le net et que c'est lui qui serait soumis à cette main invisible du patriarcat qui débouche sur des comportements qui gênent. Jusqu'à il y a 3 ans, on ne savait même pas que l'âge moyen des joueurs étaient de 30 ans. On imaginait encore que c'était un truc d'adolescent alors que c'est quand même loin d'être le cas. Ce n'est également que récemment qu'on a appris que 40% des joueurs étaient des femmes, ou des jeunes femmes. Et on ne le sait que grâce aux plateformes de distributions en ligne qui permettent de cibler le consommateurs et de tout savoir sur eux et leurs habitudes. La population du jeu vidéo, on ne la connait que depuis récemment et ce qu'on en sait invalide complètement touts étude sociologique sur le sujet faîtes jusque là avec tant d'aplomb et de certitudes.
Pour le propos, on s'en tape de ça. Comme je l'ai dit, elle ne fait pas de procès d'intention à des individus (sauf peut-être cas particuliers), elle analyse un phénomène social. Et pourquoi voudrais-tu qu'elle prenne des jeux vidéos où tout va bien (en imaginant que ce soit le cas), dans des vidéos parlant des tropes sexistes? C'est comme de faire une vidéo sur la guerre et de montrer des endroits où il n'y a pas de guerre. Cela dit, rassure-toi, elle a fait quelques vidéos sur des jeux un peu moins connus. Comme par exemple dans cette vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=gXmj2yJNUmQWaweed a écrit :Donc non, pour moi si la femme représente la finalité dans pas mal de vieux jeux, et dans certaines productions aujourd'hui, c'est surtout parce que pendant des années, le profil du joueur des salles d'arcade était le jeune homme geek à lunettes pas très populaire et qu'avant l'arrivé du ciblage des plateformes de distribution en ligne, les salles d'arcade étaient le thermomètre des constructeurs de consoles comme Sony, Sega ou Nintendo. Si c'est encore le cas aujourd'hui, c'est surtout parce que c'est vendeur et que c'est une formule qui serait - parait-il - éprouvée. Ça n'a rien à voir avec une certaine idée de la femme de la part des créateurs du jeu vidéo, si il avait fallu mettre des femmes avec du poil sous les bras et sur le menton parce que ça aurait fait vendre plus de jeux, les directeurs l'auraient fait. On est dans un média où la production à gros budget est motivée par l'argent, jusqu'à l'épuisement de licence quitte à dénaturer le produit original (Assassin's Creed, Call of Duty...). Il n'y aucune place pour la vision d'auteur ou de créateur, l'industrie s'en fou complètement depuis le début.
Si tu veux de la vision de créateur, il faut aller voir du côté des productions indépendantes, ce dont Sarkeesian ne parle jamais bizarrement. Là, tu tombera sur la réelle opinion des créateurs sur l'image de la femme avec des jeux comme l'excellent Life is Strange, ou le fantastique Her Story. Entre beaucoup d'autres.
Elle a aussi parlé de Papo & Yo dans une de ses vidéos et d'autres jeux indies, dont malheureusement j'ai oublié les titres. Et puis, je veux pas dire, mais quand tu étudies des phénomènes sociaux de grande échelle, les oeuvres avec le plus de public sont un poil plus significatives.
Ah non non! Je t'assure. Evidemment, il y a des cas où la raison du conflit à la base est autre, puis elle dérive sur les insultes sexistes et autres. Mais il y a beaucoup de cas aussi où on t'emmerde uniquement parce que tu appartiens à telle ou telle catégorie. Le harcèlement sexuel en est un aspect qui vise les femmes et les homosexuels.Waweed a écrit :Je ne suis pas d'accord avec ça. Les cibles ne sont pas choisis, ce qui est choisit c'est la façon dont on va chercher à te blesser. Si tu es plus fort qu'un joueur adverse, si tu l'as battu à un jeu de shoot, ou si tu l'as rencontré lorsqu'il était énervé, frustré, le processus d'agressivité s'engage automatiquement, que tu sois noir, arabe, juif, blanc, homo, hétéro, femme ou homme.
Et il n'y a pas de raison inhérente que les individus mâles blancs hétéros aient droit aux insultes les plus neutres. On ne leur fait pas sentir qu'une partie de leur identité est en soit une insulte.Waweed a écrit :Après effectivement, les insultes et les moyens qui reviennent sont les mêmes : mais c'est surtout parce que quand tu rentres dans un processus d'insulte, tu vas au plus efficace, tu ne fais pas du Baudelaire et tu ne montes pas une stratégie de Trafalgar, tu réagis de façon impulsives et tu balances le premier truc le plus méchant qui te passe par la tête.
Beaucoup de ce que tu dis sembles rester à la surface des choses. Tu donnes trop de rationalité aux individus et à la logique marchande, comme si les logiques économiques et mercantiles étaient imperméables aux aspects culturels ou aux stéréotypes divers. D'ailleurs, tu ne te demandes pas si on peut sortir de cette logique mercantile (du moins sous la forme qu'elle revêt actuellement). Et tu ne t'interroges pas sur pourquoi le marketing est tel qu'il est. Tu considères aussi que les individus ne peuvent jamais être influencés. J'ai pensé à caricaturer ton propos en te disant alors que selon toi, l'éducation donnée par les parents et la culture, ça sert strictement à rien, puisque rien dans le comportement des individus ne peut avoir d'explication en dehors de lui-même, même pas simplement d'explication partagée. Mais même sans caricaturer, tu imagines simplement qu'on peut vivre en société sans être influencé ni par ses individus ni par ce que la société produit. Tu considères aussi le rapport influences sociales et responsabilité individuelle comme des parts de gâteau, dont si une part est importante alors l'autre part diminue forcément. Je suis en désaccord avec tout ça.
EDIT
Et si je puis me permettre un dernier edit, car j'ai la drôle d'impression qu'il y a une confusion de ta part. La "thèse de Sarkeesian n'est PAS:
"Les jeux vidéos sont par nature sexistes et leurs concepteurs sont des misogynes qui cherchent à nuire aux femmes. Il faut donc éliminer les jeux vidéos, car ils sont mauvais et rendent les gens mauvais."
Son propos est plutôt:
"Les jeux vidéos sont un médias au potentiel narratif incroyable. Malheureusement, il existe beaucoup de tropes sexistes en leur sein. Il serait bon donc de les améliorer en supprimant les pièges suivants."